Dans un entretien publié dans Jeune Afrique, Sami Bencheikh El-Hocine, membre du Comité Exécutif du Comité africain (CECAF) explique en détails les opportunités et difficultés liées à la collecte des droits en Afrique
Lors de la récente réunion du Comité Exécutif du Comité africain (CECAF) à Paris, Jeune Afrique a interviewé (en français) Sami Bencheikh El-Hocine, membre du Conseil d'administration de la CISAC et Directeur Général de l'ONDA, sur la situation actuelle du droit d'auteur en Afrique. Malgré les difficultés actuelles, le continent représente un énorme potentiel en termes de collectes. Selon le Rapport sur les collectes mondiales 2016 de la CISAC, en 2015, l'Afrique n'a généré que 0,7 % des droits collectés dans le monde, tout en enregistrant une croissance de 14,9 % par rapport à l'année précédente.
Dans son interview, Sami Bencheikh El-Hocine explique que les activités des sociétés sont sous-développées et que les textes de loi ne sont pas respectés. Si l'on s'attaquait à ces problèmes, on augmenterait déjà les possibilités d'obtenir une rémunération pour les créateurs. À l'heure actuelle, les œuvres sont exploitées mais il n'y a pas de suivi pour assurer la collecte des droits liés à ces utilisations. Au Bénin et au Mali, par exemple, les radios d'État ne rémunèrent pas les créateurs.
La CISAC s'efforce de remédier à la situation en rencontrant les représentants des pouvoirs publics afin de leur expliquer et de leur faire prendre conscience de la gravité de ces manquements. Le Burkina Faso, la Côte d'Ivoire et le Bénin font partie des pays qui disposent de sociétés actives, qui ont commencé à collecter des droits. La CISAC a aussi demandé l'aide d'un certain nombre d'artistes locaux reconnus tels que Khaled, Idir et Angélique Kidjo, Vice-Présidente de l'organisation, pour mieux faire comprendre le droit d'auteur.
Sami Bencheikh El-Hocine explique également comment son pays se bat pour les droits des créateurs. En Algérie, plus de 2 millions de DVD et CD piratés ont été détruits en mai 2016 afin de faire comprendre que la copie illégale fera l'objet d'une «tolérance zéro».
En Afrique, l'ONDA s'assurera de l'avancée des collectes des pays francophones tandis que l'Afrique du Sud supervisera celle des pays anglophones.
En ce qui concerne l'avenir des collectes en Afrique, Sami a déclaré :
On ne va pas se mentir, le piratage est autrement plus conséquent en Afrique qu’à Singapour ou à New York. Nous devons aussi lutter contre des formes de contrefaçons « traditionnelles », la gravure d’un CD ou DVD au cybercafé du coin, qui ont disparu ailleurs. Hormis cela, nous affrontons des problématiques qui sont les mêmes qu’ailleurs et que nous réglerons avec les mêmes outils que nos partenaires. Voyez par exemple la diffusion de films sur des plateformes vidéos. Nous avons mis en place dans plusieurs pays d’Afrique, dont l’Algérie, des contrats avec la chaîne Youtube. Ce n’est peut-être pas suffisant, mais c’est un début. En Afrique, il faut aller crescendo. Tenter une solution, une autre, une troisième… Pour contourner les résistances. Cela prendra du temps, mais je suis confiant."
Accédez à l'intégralité de l'interview en français sur Jeune Afrique.